Michel Delpech est parti ce samedi à 21h30.
Adieu l’ami. Tu ne verras jamais les 73 ans que tu chantais dans « Quand j’étais chanteur ».
Tant pis, de toute façon, on se retrouvera chez Laurette… 😉
Avec son sourire chaleureux, sa séduction tranquille dans la voix, bien posée, juste, assez économe d’effets, Michel Delpech aura été du milieu des années 1960 la fin des années 1970 l’un des interprètes les plus populaires de la chanson française. Un « chanteur de variétés. Je n’offre pas une “œuvre” », avait-il confié à notre collègue Bruno Lesprit, en décembre 2000. Souffrant d’un cancer de la gorge et de la langue depuis 2013, le chanteur, parolier et compositeur Michel Delpech est mort ce 2 janvier. Il était âgé de 69 ans.
Il restera l’interprète d’une bonne trentaine de grands succès, souvent de jolies romances, un rien nostalgiques, dont il signe les textes, allant parfois vers un léger commentaire social, aux mélodies bien tournées. Nombre de ces airs viennent du pianiste, compositeur et arrangeur Roland Vincent. Une collaboration qui débute dans les années 1960 et qui produit de nombreuses réussites, de Chez Laurette (1965) à Quand j’étais chanteur (1975, avec Jean-Michel Rivat pour le texte)
Le Loir-et-Cher vient de perdre l’un de ses enfants les plus célèbres. Après trois années de combat contre un cancer de la gorge, Michel Delpech est mort ce samedi à 69 ans, moins d’un mois avant son soixante-dixième anniversaire.
S’il était né à Courbevoie, le 26 janvier 1946, Jean-Michel Delpech – son véritable patronyme – a passé une partie de son enfance en Sologne, entre Dhuizon où résidaient ses grands-parents et la Ferté-Saint-Cyr où vivait une bonne partie de sa famille et où sa mère a vécu une partie de sa retraite. Ses souvenirs solognots lui avaient inspiré deux « tubes » qui avaient trusté, à, l’époque les premières places du hit-parade : le « Loir-et-Cher » bien sûr (1977), mais aussi « Le chasseur » (1974).
Chemins de traverse
Le cours de sa carrière et de sa vie personnelle, marquée par plusieurs épreuves, l’avaient éloigné du pays de son enfance, mais il y est longtemps revenu régulièrement, avant de prendre quelques distances après le décès de sa mère, alors qu’il était lui-même frappé par la maladie. « J’adore la Sologne, confiait-il à la NR voici une dizaine d’années, en marge d’un concert donné à la Halle aux grains de Blois. Cette région, dessinée par les forêts et les marécages m’inspire un profond sentiment de mélancolie. J’aime marcher sur les chemins qui traversent les bois, défoncés par le passage des sangliers. C’est une région austère mais pas dans un sens péjoratif. J’aime l’austérité. Là-bas, ça respire la tranquillité. »
La tranquillité, Michel Delpech l’avait aussi trouvée à l’intérieur de lui-même, en se tournant vers la religion. Il était d’ailleurs venu en débattre en février 2000 avec les paroissiens de la Ferté-Saint-Cyr, à l’invitation de l’abbé Michel Aubert. « Je me suis lancé, très vite à 17-18 ans dans le monde du spectacle qui a été toute ma vie, avait-il alors raconté. Le succès, la gloire, sont des choses qui nous bouleversent, mais cela ne nous nourrit pas finalement. J’étais quelqu’un qui menait une vie de patachon ! J’ai cherché à travers beaucoup de chemins de traverse. Je me suis intéressé aux philosophies orientales qui ne sont pas mauvaises en elles-mêmes d’ailleurs, mais c’est le christianisme que j’avais au plus profond. »
Fort de cette paix intérieure et soutenu par Geneviève Garnier-Fabre, sa seconde épouse, il avait effectué son retour sur scène au début des années 90, avec une ligne de conduite dont il ne s’était jamais départi. « J’ai repris la chanson, mais pas le show-biz », indiquait-il.
Salut l’artiste !
Michel Delpech, c’était la voix d’une France encore heureuse qui en terminait avec ses « trente glorieuses », où ce n’était plus un drame de divorcer, où le chasseur baissait son fusil pour regarder passer les oies sauvages, où Marianne était jolie et où le bar en face le lycée s’appelait « Chez Laurette. »
Une France où le Loir-et-Cher, qui défilait à petite vitesse derrière les vitres de la Renault 16 des parents dans les embouteillages de la Nationale 20, prenait des airs sympathiques, tandis que les enfants gigotaient d’impatience sur une banquette arrière dépourvue de ceintures de sécurité. C’était une voix qui faisait les riches heures des « stops ou encore » dominicaux de RTL et des soirées télévisées de l’ORTF concoctées par les époux Carpentier ou Guy Lux. C’était aussi une voix mélancolique et un poil désabusée, mesurant par avance le temps qui passe si vite quand on est chanteur. La voix d’un chic type, plus fragile que frimeur et populaire sans être idiot.
Salut l’artiste !