Hier, la ville entière a partagé la douleur de la famille d’Alexandre. Avec la colère, mais aussi l’inquiétude à fleur de peau.
Un défilé sans fin. Dès six heures hier matin, et toute la journée, les Palois sont venus se recueillir rue Galos. Là où le jeune Alexandre avait déposé son vélo le 4 juin au soir. Jeudi soir déjà, quelques fleurs avaient été accrochées au poteau. Hier, ils ont été très vite rejoints par des dizaines et des dizaines d’autres bouquets, majoritairement des roses blanches.
Une montagne de fleurs pour Alexandre
Vers 10heures une riveraine accroche un drap blanc et des ballons au grillage. Les Palois commencent à défiler à un rythme constant, si bien que des barrières sont installées pour les protéger de la circulation. De même qu’un registre, pour permettre à chacun de s’exprimer. Près de 200 le feront dans la journée.
Toutes les générations défilent. De la jeune maman venant avec ses deux garçons déposer des bougies, au papi descendant de vélo un instant, en passant par cette jeune fille de 13 ou 14 ans tenant son papa par la main et qui dépose une gerbe à la mémoire d’Alexandre. La plupart ont du mal à cacher leur émotion. Beaucoup ont les larmes aux yeux et les gestes tremblants.
Cette montagne de fleurs pour Alexandre exprime l’immense émotion qui secoue la ville depuis la confirmation de la mort de l’adolescent. À la rue Galos, qu’aucun Palois ne traversera plus jamais sans une pensée pour lui. À la mairie où deux autres registres avaient été installés la veille et étaient déjà presque pleins à la mi-journée. Aux Halles, aux terrasses de café, où dans les bars, la tragédie vécue par Alexandre est de toutes les conversations.
« Je suis venue soutenir les parents d’Alexandre dans leur souffrance, explique Véronique Trégaraud, une maman venue se recueillir rue Galos. Faire cela à un enfant, c’est ignoble, c’est lamentable ». « Tout le monde est touché, on est tous parents, témoigne un peu plus loin Sylvie, vendeuse sur le carreau. Mon fils est au collège de Clermont comme Alexandre. Et sa réaction a été violente. Hier soir je faisais un transfert, je n’arrêtais pas de l’embrasser. Les gamins vont trimbaler cela toutes les vacances et ils feront la rentrée encore très marqués ». « Il n’y a pas pire, ajoute Patricia Soules, marchande de fruits et légumes. Il y a la perte d’un enfant, la façon dont cela a pu se passer, et la possibilité que l’on ne retrouve jamais le coupable ».
« Salut à toi, petit ange »
À la mairie, les messages de soutien à la famille se multiplient également. Mais certains Palois évoquent aussi « un sentiment de vengeance ». L’irruption de l’inconcevable déclenche colère et volonté de justice. Rue Galos, au centre de toutes ses manifestations de douleur et de soutien à la famille, un message est accroché au poteau. On peut y lire ces mots qui résument le sentiment général : « Salut à toi petit ange. Ne t’inquiète pas. Ceux qui t’ont fait du mal paieront cette barbarie toute leur vie ». « J’espère qu’ils vont l’attraper ce salaud » souhaite un vieil homme, la voix tremblante. Aux Halles, une commerçante exprime une opinion partagée par d’autres : « Si c’était mon enfant, j’aurais envie de me faire justice »…
Source : La république des Pyrénées